L’ILE DU REVE D’AVANT
Quittant ta chambre d’insurrection
Tu rejoignis le Nord
Nuages de sable
Aux couleurs d’oiseaux
Aux minuscules rocailles argentées
L’empanachement des roseaux
Les figures oniriques des eucalypthus
Et d’étranges caroubiers
S’effaçant dans la brume des massifs
Tranchants et austères
Une ombre d’aluminium
Progressait par saccades
Au détour des routes
Et du fondu des tunnels
La lumière égale des néons
Aveuglait le ciel
Les dômes noirs
Des volcans
L’apic
Des roches cuivrées
L’écueil perçant
D’un îlot
La houpelande
Des orangers
A deux jambes et demi
Dérobée d’effroi
La langue à nouveau s’aveugle
D’un lancé acéré
Les ombres de craie bleu
Sur le lit des volcans
Fragiles orchidées
Des laves grises
Trouble strident
De la nuit
Bouche d’espadon
Tu cherchais la couleur d’un front
Par intermittence
Aux aguets infinis
Le sang noir de la lave
Figé dans de petites criques
Plages d’obsidienne grise
De feutre et de chardons
Des géants de lave polie
Séchaient leurs barbes de lichen
Arête de sable
Jusqu’au sommet
Trois nuages de pierre
A l’horizon
Les yeux éclairés des cyclopes
Rentrent dans la nuit
La machoire de Polyphème
Découpée dans une hanse
Au ronronnement des triporteurs
Les femmes roulent de grands yeux grecs
Soulignés de noir
En fumant leur cigarette
Un lézard d’émeraude
Le bouton non éclos d’un caprier
Des vignes
Le magma de nacre du ressac
La perle noire des Xylotropes
Aux reflets bleus
La statue de San Bartholoméo
Les bras chargés de croix de marins
Un couteau en plein coeur