
Traduit de l’arabe par Abel Kabach)
La symphonie des sardines.
Par : Mohsen Elbelasy
Je marchais entre les ombres des ailes des fourmis
Je portais l’habit de la voix noire
Et dans les cris des triangles des cercles des abstractions impuissantes
L’histoire y crache ses cils où se pendent les pantalons de la sagesse
À contre-sens
Un corbeau porte un haut chapeau taché par le sang foncé du Moyen-âge
Les femmes _ les animaux _ aux trônes d’ivoire _ les derniers requiem _ le regret élastique _ la pieuvre des anciennes déchirures
Tous à côté de moi
Je suis vieux comme la batterie vide d’une horloge
À contre-sens
Les pierres tombales badigeonnées avec la cendre des branches jetées dans les cours de la vieille prison
Je marchais dans le passé des frissons de l’éternel carnage
J’avalais mes yeux l’un après l’autre
Je sautais sur le cercueil de Sade qui dormait le front illuminé par l’éclat d’un poème primitif
Un front dont les loups suçaient la morve de l’herbe à mépriser les proies
Je marchais parmi les chauves-souris aux fourrures et les épines
Les forêts auront soif
Je dis que la sagesse est la prostate du premier bourgeois
Que
La mort est le trou de cul de Justine, la poupée de Sade, qui dort dans le cou du poème
Les yeux des brigands coulent par la terre crachant le délire des marcheurs
Je m’allongeais dans la cave de mon soupir suffocant
Et regardais les yeux du Masochiste qui gouverne la ville
Les égouts des rues terrifiées nous respirent
Les orbites des yeux dans la place ronde sont couronnées de charbon
Des ongles noirs et des voitures escaladent la fumée de ma cigarette
Mon corps est le fantôme de ces mots
Regardez
Lorsque je marche, ou je marchais entre les coureurs qui serraient avec leurs dents en bois le clitoris de l’ancien bâtiment
Le bâtiment lançait son sein chargé de poudre et mordait ses lèvres, l’éjaculation vient tard discontinue
Le vagin de la ville s’ouvre lentement
Nous marchions, tout le monde criait : Gandhi est l’allié du sanguinaire, Gandhi l’allié du sanguinaire
Nous, les abcès de l’histoire, vous parlons
Nous racontons la parole des lèvres brûlées
Le récit des oies dans les lacs de plomb
Le ciel qui jetait de la terre sur les visages
Et la faim
Et le sang
Et la faim
Et le sang
Et la faim
Et le sang
Les flèches du censeur lançaient des pièges
On jetait les corps dans une tombe comme l’œil d’un chien noir amputé, une tombe dont la bouche laisse voler les gaz de la sainte domestication
Le doute est un mur d’argent reflétant les aveux des névrosés, il n’y plus les tours de Babel qu’elles tombent sur la tête des clochards, le soleil tombe de la cire liquide, ici le Caire, ici le Caire, le Caire n’est pas ici, la salive du temps bout dans mes orteils ô ville des algues que la rouille des chaînes couvre, les yeux chient, et le grand commerçant éternue par un trou dans son front, servez-vous du vomis… rentrez dans mon cou, nagez avec les sardines qui s’enfuient vers leur dernière danse, que poussent sur nous des queues destructrices, des crocs, de la fourrure bleue, et qu’on joue la symphonie de la destruction salvatrice !
